Saint-Quentin (Aisne) - FRANCE
... La ville de Saint-Quentin possédait un beffroi aussi ancien, semble-t-il, que la ville elle-même. Le premier était situé, jusqu'au XVIIIe siècle, dans la rue Saint-André (ancienne rue du Beffroi), à l'emplacement de la grande épicerie lécuyer, remplacée aujourd'hui par un laboratoire d'analyses médicales. A noter qu'avant la révolution, le droit de beffroi étaient un privilège (Dans la charte de 1376, ce privilège étaient formellement précité pour Saint-Valery-sur-Somme. Ce même privilège fut retiré à la ville de Laon en 1322 pour la punir d'un sacrilège commis par ses habitants.). Il s'agissait d'un bâtiment fort ancien en forme de tour carré dont les étages inférieurs, construits en grès, servaient de prison à la ville, alors que la prison du roi, elle, se trouvait dans l'actuelle rue Anatole-France.
Bona, journaliste local du XIXe siècle, parle d'une "immense charpente recouverte d'ardoises, lourde et informe, qui paraît avoir servi anciennement d'entrée au moustier du château des comtes de Vermandois".
Ce beffroi fut détruit au début du XIXe siècle, et la municipalité se trouva ainsi privée d'un bâtiment public important dans la vie quotidienne des citoyens. C'est ainsi que la tour de l'ancienne église Saint-Jacques-Le-Mineur devint le beffroi de Saint-Quentin. Cette église avait été fermée sous la Révolution pour être transformée en marché aux grains. On construit sur la terrasse de la tour une loge qui permettait de découvrir un horizon limité par les villages voisins. Là se tenait le guetteur, employé municipal, qui prenait son service tous les jours à 8 heures le matin et répétait l'heure, de jour comme de nuit. Il signalait par ailleurs l'arrivée des courriers ou des diligences ou, bien sûr, l'approche des troupes. Mais son rôle le plus important consistait à sonner la cloche des incendies. Pour faciliter la tâche des pompiers, volontaires à l'époque, il batait la cloche à coup redoublés pour annoncer un sinistre à l'intérieur de la ville et ne donnait que deux coups si le feu se déclarait dans la banlieue ou dans les faubourgs.
Après la Première Guerre Mondiale, il n'y eu plus de guetteur au beffroi, la municipalité ayant fait installer une sirène qui hurlait à midi pour marquer la sortie des usines, des ateliers et des bureaux, mais, là encore, aussi en cas d'incendie.
A l'instar de la tour de Pise, le beffroi de Saint-Quentin penchait dangereusement. Une étude fut demandée en vue de sa restauration ou de sa destruction. La différence entre les deux propositions était tellement importante (400 000F de l'époque) qu'en 1927, la décision fut prise. Le beffroi comme Carthage, sera détruit...